Par le Dr. Stéphane LAVERGNE

La perruche ondulée est domestiquée depuis assez longtemps pour avoir évolué, tant sur le plan physique, que physiologique; elle est devenue un oiseau robuste, très résistant aux maladies. Sa pathologie courante est dominée par des problèmes de diarrhées et de troubles de la reproduction.

La pharmacie de l'éleveur doit servir essentiellement à pouvoir donner une réponse rapide à un problème courant. La mienne comprend deux antibiotiques, la gentamycine et la terramycine longue action, du charbon activé, des gélules d'ultralevure, un complexe polyvitaminé associé à des acides aminés et un complexe polyminéral. Le choix des antibiotiques peut être différent, par exemple chloramphénicol, tetracycline, erythromycine etc... On peut utiliser des sulfamides comme la furaltadone.

J'utilise la gentamycine pour les diarrhées, sous forme de genta 2 laboratoire U.V.A. diluée au 1/10 avec de l'eau, à la dose de 5/100 de la solution par la bouche associée à du charbon activé, et en cas de diarrhées très liquides j'ajoute une gélule d'ultralevure, toujours par la bouche. Pour faire les dilutions et l'administration, j'utilise des seringues en plastique d'un millilitre graduées en centième de millilitre. Il existe un médicament suisse (auramine) à base de tétracycline et de charbon présenté sous forme de pâte à donner par la bouche qui semble efficace et plus commode d'emploi, mais qui n'est pas commercialisé en France.

Très récemment, j'ai testé un médicament vétérinaire appelé "entérogel 30" (laboratoire Gifavet) utilisé contre les diarrhées des jeunes animaux de boucherie. Il contient un antibiotique (colistine), un sulfamide (sulfaguanidine), un pansement intestinal (kaolin) et diverses autres molécules de moindre importance et se présente sous la forme d'un gel contenu dans une grosse seringue. Il m'a donné de très bons résultats et est très bien accepté par les oiseaux. Facile à administrer, on peut le trouver chez un vétérinaire.

La dose que j'utilise est de 5/100 de millilitre matin et soir pendant 2 jours. Pour faciliter l'ingestion et le dosage, le gel doit être poussé directement de la grosse seringue dans une seringue d'un millilitre en plastique graduée en centième et donné directement dans le bec. La seringue d'un millilitre doit être remplie et gardée au frigidaire pour les utilisations ultérieures.

En cas de maladie pulmonaire, caractérisée par une accélération de la respiration qui entraîne un balancement plus important de la queue, j'utilise la tétramycine en injection sous cutanée, sous la peau du cou sur la partie médiane à la dose de 3 à 4 centièmes de millilitre, à renouveler éventuellement au bout de 3 jours.

Ces traitements d'urgence, un peu à l'aveugle, permettent de sauver un bon nombre d'oiseaux; ils sont efficaces dans de nombreuses affections des plus

courantes comme : pasteurellose, colibacillose, streptococcie, staphylococcie, etc... Si la maladie prend une allure contagieuse et grave, il devient nécessaire de faire un examen de laboratoire.

Parmi les maladies causant des diarrhées et ne guérissant pas avec le traitement indiqué, il faut signaler : la trichomonose due à un flagellé et la proventriculite, pour laquelle il n'existe pas, pour le moment, de traitement. Ces deux maladies, font partie de ce que les Anglais appellent le "going light" et se caractérisent outre la diarrhée, par un amaigrissement progressif lors d'évolution chronique.

Pour les maladies pulmonaires et à signes oculaires résistant à la terramycine, il faut signaler la mycoplasmose; dans ce cas, le meilleur antibiotique actuellement disponible est la doxacyline commercialisée sous le nom de Ronaxan par le laboratoire Rhône-Mérieux.

Les troubles de la reproduction chez l'ondulée de concours viennent en grande partie des modifications physiologiques dues à la sélection et se traduisent par une augmentation générale des besoins.

L'ondulée perd naturellement son aptitude à la reproduction lorsque la durée d'éclairement journalier diminue, d'où la nécessité de prévoir un éclairage artificiel de la pièce d'élevage qui permettra ainsi de pallier à la baisse naturelle de l'éclairement qui se produit à cette période de l'année.

Pour un élevage débutant en octobre, il faut un allongement progressif début septembre; il est aussi possible de donner une durée d'éclairement constante toute l'année, laquelle doit être d'au moins douze heures par jour.

La pharmacie a un rôle essentiellement préventif. La mienne comprend un hydrosol polyvitaminé associé à des acides aminés (minergan laboratoire T.M.V.) et un hydrosol polyminéral (calgophos laboratoire Vétoquinol). J'utilise les deux à raison de quinze gouttes par litre d'eau de boisson. Lorsqu'il y a carences, elles s'installent progressivement, et les réponses aux traitements de ces carences demandent un délai de un à deux mois avant d'être positives.

Les carences ou les excès se traduisent en général par un état "hors de condition" des oiseaux : mauvais plumage, diminution de l'activité etc.. ; l'insuffisance en vitamine A entraîne, entre autres, une forte mortalité en coquille au moment de l'éclosion. Le rachitisme provient d'une insuffisance en vitamine D ou en calcium ou les deux.

Les troubles consécutifs à une insuffisance de protéine dans les rations sont un ralentissement de la croissance des jeunes. Les troubles liés à un excès se manifestent aussi par un ralentissement de la croissance voire à un arrêt, une rougeur de la peau puis la mort survient; les femelles peuvent abandonner leur nichée.

Cet article est destiné aux débutants, afin de leur permettre de réagir rapidement à une maladie ou de comprendre pourquoi leur saison d'élevage évolue mal. S'ils le désirent, certains points sur ces sujets pourront être approfondis, par exemple par le biais des "questions-réponses" du bulletin,( bulletin de l'A.F.O).