« Des Oiseaux apparemment semblables »


De gauche à droite : Mâle perlé bleu double facteur, Mâle albino, Mâle unicolore yeux sombres

PHOTO ET ÉLEVAGE B.DUPREY

Bien souvent, au cours des expositions et plus spécifiquement lors des journées d'ouverture au public, il n'est pas rare d'entendre s'exclamer dans les allées :

« Oh la belle blanche ! » ... « Oh la belle jaune ! »...

Si il est vrai que toutes ces couleurs nous amènent au même émerveillement qu'un enfant un soir de feu d'artifice et que ces dénominations dans la bouche de visiteurs ne portent nullement à conséquence, il n'en est pas de même lorsque ce sont des éleveurs eux mêmes qui utilisent ces termes car nous savons tous l'importance de bien connaître la réalité génétique des oiseaux que nous accouplons... Aussi les quelques lignes qui suivent se proposent d'aider à y voir un peu plus clair afin de pouvoir mieux reconnaître et répertorier nos « jaunes » et nos « blanches »...


PHOTO ET ÉLEVAGE B.DUPREY

LES INOS

Abstraction faite des Ailes en dentelles qui elles sont reconnaissables de part le dessin alaire qu'elles présentent, je veux ici parler des oiseaux qui sont appelés Lutinos lorsqu'il s'agit d'oiseaux de la série verte et Albinos lorsqu'il s'agit d'oiseaux de la série bleue...La transmission est récessive et liée au sexe... La particularité de ces oiseaux bien connus, puisque cette mutation est apparue depuis fort longtemps (dans les années 1920/30), est l'absence totale de toute mélanine. L'oiseau obtenu est donc à l'idéal tout à fait uniforme - sans suffusion de quelque couleur que se soit, sans violet au niveau des tâches auriculaires ni spots ou marques sur le dos, les ailes et la queue - et présente un œil non plus noir mais rouge... Il est donc utile d'avoir présent en mémoire que le facteur Ino est ce qu'on appelle un facteur masquant ; c'est à dire qu'un oiseau Lutinos ou Albinos pourra sans que cela ne « se voit vraiment » être pie australien, perlé ou bien encore opaline par exemple... Les seuls exceptions à cette règle, à ma connaissance, concerne le facteur masque jaune visible sur un albinos et le facteur cinnamon qui par le biais d'un lien avec le gène Ino donne naissance à l'aile en dentelle (ou Lacewing) dont il était fait référence en début de paragraphe.

Les Lutinos présentent donc à voir :

* Une couleur de fond et un masque d'une couleur jaune bouton d'or, libres et exempts de tout dessin.

* Une cire rose chair pour les mâles et brune chez les femelles.

* Des yeux rouges avec iris blanc

* Des tâches auriculaires blanches

* Des rémiges primaires et des grandes plumes de queue blanches (ou blanches jaunâtres acceptable).

* Des pieds et des pattes roses chair.

Les Albinos présentent eux :

* Une couleur de fond et un masque blancs, libres et exempt de tout dessin.

* Une cire rose chez le mâle et brune chez la femelle.

* Des yeux rouges avec un iris blanc.

* Des tâches auriculaires blanches.

* Des rémiges primaires et des grandes plumes de queue blanches.

* Des pieds et des pattes roses chair.

Remarque : L'albinos combinée avec le masque jaune ou doré donnera un oiseau de couleur blanche suffusée d'un voile jaune dont la nuance dépendra du type de masque dont il s'agit.


Mâle Lutino et Mâle Albino - Élevage et photo B.DUPREY

LES PERLÉS DOUBLE FACTEUR

Les oiseaux perlés, beaucoup plus récents que les Inos dont il était question précédemment sont aussi très connus des éleveurs, du fait de leur beauté mais aussi et surtout parce que les sujets élevés dans cette mutation soutiennent sans difficulté la comparaison avec les autres oiseaux base de l'élevage comme les normaux, les cinnamons ou les opalines... Cette mutation co-dominante a il est vrai accomplie des progrès fulgurants en l'espace de seulement 25 ans. Pour définir cette mutation, il est coutume de dire que c'est un « négatif photo » de l'oiseau d'origine puisque la présence de mélanine est inversée par rapport au dessin d'origine de l'oiseau... Cependant toutes les perlées ne sont pas concernées dans le cadre de ce qui nous préoccupe aujourd'hui : En effet me direz vous, nul confusion possible entre un oiseau Ino et un oiseau perlé... Sauf que les perlés ont une particularité génétique avérée, qui fait que lorsqu'un oiseau se trouve avoir le gène perlé en double, son apparence (ou phénotype) diffère totalement et il se peut alors, pour quelqu'un peu au fait de cela, que la confusion s'installe (tout les ans dans les concours, des oiseaux se trouvent déclassés car mal engagés)... Les oiseaux ainsi dénommés « Perlés double facteur », existent tout naturellement et tout autant en série verte et en série bleue, et sont décrits dans le standard comme suit : 

Le perlé jaune double facteur (séries vertes) :

* Une couleur de fond et un masque jaune, exempts de tout dessin, marque ou spot.

* Des ailes jaunes exemptes de toute tâche noire ou grisonnante, ainsi que de suffusion verte.

* Une cire bleue chez le mâle et brune chez la femelle.

* Des yeux noirs avec un iris blanc.

* Des tâches auriculaires blanc argenté

* Des rémiges primaires et des grandes plumes de queue légèrement plus claires que la couleur du corps.

* Des pattes et des pieds bleu/gris, rose chair ou bien un mélange des deux.

Le perlé blanc double facteur (séries bleues) :

* Une couleur de fond et un masque blanc, exempts de tout dessin, marque ou spot.

* Des ailes blanches exemptes de toute tâche noire ou grisonnante, ainsi que de suffusion bleue ou grise.

* Une cire bleue chez le mâle et brune chez la femelle.

* Des yeux noirs avec un iris blanc.

* Des pattes et des pieds bleu/gris, rose chair ou bien un mélange des deux.

Remarque : La perlée blanche double facteur combinée avec le masque jaune ou doré donnera un oiseau de couleur blanche suffusée d'un voile jaune dont la nuance dépendra du type de masque dont il s'agit.

A gauche, Mâle perlé blanc double facteur - Notez la cire bleue qui le différencie des deux autres mâles - Au centre, Mâle Albinos et à droite jeune Mâle Unicolore yeux sombres. Photo et élevage B.DUPREY

LES UNICOLORES A YEUX SOMBRES

Les oiseaux ainsi dénommés (traduction littérale du terme anglais «  Dark Eyed Clear ») sont très peu connus par les éleveurs français et de ce fait très peu présents sur les étagères des expositions ... Ma curiosité d'éleveur et mon goût immodéré pour les raretés que peut nous proposer notre ondulée m'ont amené à travailler un peu dans ce sens et la récompense est arrivée en cette année 2005 avec la naissance de 4 jeunes unicolores yeux sombres (malheureusement un est mort quelques temps après le sevrage). La raison du nombre confidentiel d'oiseaux répondant à ce descriptif réside dans le fait, me semble-t-il, que cet oiseau n'est pas une mutation à proprement parlé, mais résulte d'une combinaison ; Pour présenter un tel patron l'oiseau doit tout d'abord être pie danois (donc porter dans son patrimoine génétique le facteur pie danois en double car celui ci est rappelons le récessif autosomique), mais aussi doit être porteur dans son bagage génétique d'un gêne de pie hollandais (mutation co-dominante qui est une des mutations chez la perruche ondulée permettant d'obtenir des oiseaux panachés - ce terme de pie hollandais connais plusieurs autres vocables suivant les pays et certains pensent ces oiseaux comme de mauvais exemples d'oiseaux pennes claires - j'avoue pour ma part ne pas pouvoir, au regard de mon expérience, statuer sur ce fait et les avis données dans toutes les littératures sur le sujet ne convergent pas)... Toujours est-il que cet oiseau pour exister, doit cumuler la présence de certains gènes, qui sont loin d'être présents dans toutes les souches d'ondulées de notre pays, car les mutations mis en œuvre dans la construction de cet unicolore aux yeux sombres ne visent pas à « fabriquer » de gros oiseaux et ne concourent pas ainsi à l'intérêt de bons nombres d'éleveurs...Mais même si il est très peu rencontré, l'unicolore aux yeux sombres existe, est reconnu et le standard le défini ainsi :

Unicolore jaune à yeux sombres :

* Couleur de fond, masque et ailes jaune bouton d'or, libre et exempts de tout dessin, suffusion verte et /ou tâches noires ou grisonnantes.

* Cire rose chair chez le mâle et brune chez la femelle.

* Bec coloré orange.

* Yeux sombres sans iris.

* Tâches auriculaires blanches.

* Rémiges primaires et longues plumes de queue plus pâle que le croupion.

* Pattes et pieds rose chair.

Unicolore blanc à yeux sombres :

* Idem au descriptif de l'unicolore jaune si ce n'est que le jaune bouton d'or laisse place au blanc et que ce blanc doit être exempt ici de suffusion bleue ou grise.

Remarque : L'unicolore blanc à yeux sombres combinée avec le masque jaune ou doré donnera un oiseau de couleur blanche suffusée d'un voile jaune dont la nuance dépendra du type de masque dont il s'agit.


A gauche un Unicolore à yeux sombres, à droite un Albinos - Peu de différence à vrai dire si ce n'est la couleur de l'oeil - Photo et Élevage B.DUPREY

Tableaux comparatifs

Couleur

Cire

Oeil

Pattes

Lutino

Mâle

Jaune

Rose

Rouge + Iris

Rose chair

Perlé jaune Double Facteur

Mâle

Jaune

Bleue

Noir +Iris

Bleu/gris ou rose

Uni. Jaune Yeux Sombres

Mâle

jaune

Rose

Noir sans Iris

Rose chair

Couleur

Cire

Oeil

Pattes

Lutino

Femelle

Jaune

Brune

Rouge + iris

Rose chair

Perlé jaune Double Facteur

Femelle

Jaune

Brune

Noir + Iris

Bleu/gris ou rose

Uni. Jaune Yeux Sombres

Femelle

jaune

Brune

Noir sans Iris

Rose chair

Couleur

Cire

Oeil

Pattes

Albino

Mâle

blanc

Rose

Rouge + Iris

Rose chair

Perlé blanc Double Facteur

Mâle

blanc

Bleue

Noir + Iris

Bleu/grisou rose

Uni. blanc Yeux Sombres

Mâle

blanc

Rose

Noir sans Iris

Rose chair

Couleur

Cire

Oeil

Pattes

Albino

Femelle

blanc

Brune

Rouge + Iris

Rose chair

Perlé blanc Double Facteur

Femelle

blanc

Brune

Noir + Iris

Bleu/gris ou rose

Uni. Blanc Yeux Sombres

Femelle

blanc

Brune

Noir sans Iris

Rose chair

Souhaitant que ces quelques explications et comparaisons, sans doute un peu rébarbatives à la lecture, puissent secourir quelque peu certains éleveurs dans l'expectative face à certains de leurs pensionnaires... La capacité à bien différencier et connaître ses oiseaux est, nous le savons tous, d'une importance capitale dans le travail de sélection que nous effectuons au sein de nos élevages d'une part et peut éviter d'autre part la désillusion que l'on doit connaître lorsqu'un de ses oiseaux, après grands soins, ne revient du concours qu'avec pour toute évaluation la mention « mal engagé »...

Texte et photos - B.DUPREY