Domestication de la Perruche Ondulée

Jacques BARRÉ

 

 

Parler de la perruche ondulée à des éleveurs, c'est nous croyons, prendre le temps d'expliquer l'histoire de la domestication de notre petit oiseau australien.

Rareté, il y a tout juste 150 ans, c'est aujourd'hui un des oiseaux d'élevage le plus répandu dans le monde entier. Or, qui dit élevage dit à terme domestication. En effet, dans notre pays de culture latine, c'est sans doute le canari qui fut le premier oiseau d'ornement vraiment domestiqué. Il a pour lui sa double qualité d'oiseau de chant et de couleur.

Mais dans les pays de culture anglo-saxonne, en particulier en Europe ou aux Etats-Unis d'Amérique, c'est la perruche ondulée qui séduit par ses couleurs magnifiques, sa vivacité ainsi que son "ramage". Nous allions écrire sa mélopée, voyez comme on peut facilement exagérer.. mais notre ondulée ne se nomme-t-elle pas Melopsittacus Undulatus !

Tout cela ne donne pas pour autant la clef de la formidable évolution qu'a dû subir notre petit oiseau pour passer en 150 ans de la taille de 17cm à celle de 24-25 cm, d'un corps fluet à l'aspect d'un sujet fort et robuste. Si l'on tentait une comparaison dans le monde animal, il y a autant de différence qu'entre un fin pur sang arabe et un magnifique percheron.

Qu'on ne s'y trompe pas, nos ondulées de concours sont cependant les dignes héritières de ces petites perruches que GOULD a ramenées d'Australie. Beaucoup, y compris des éleveurs, ne veulent pas y croire mais pourtant c'est bel et bien le cas.

Si l'Australie a fermé ses frontières, cela ne nous gène pas a priori, nous éleveurs d'ondulées. Il y a peut-être juste un domaine qui pourrait être intéressant, c'est celui de la fécondité.

Croiser de grosses perruches ondulées d'élevage avec de prolifiques petits sujets sauvages, cela semble séduisant. Mais quel prix faudrait-il payer pour cela avec un résultat aléatoire… quand nous disons prix, il ne s'agit pas que d'argent, mais de nombre d'années pour faire revenir le résultat de ces croisements au niveau du standard. A notre connaissance, personne n'a vraiment essayé de le faire, même avec des perruches du commerce.

Alors, comment en est-on arrivé au stade d'aujourd'hui ?

C'est une longue histoire certes… mais 150 ans c'est très court par rapport au temps mis par d'autres espèces d'animaux ou d'oiseaux pour en arriver à un stade similaire d'évolution.

C'est pour vous éclairer dans ce domaine, à la fois simple et complexe, qu'il nous a semblé utile de reprendre l'histoire de la récente domestication de la perruche ondulée telle que l'a retracé Jacques BARRÉ, dans le cadre de PSITTAPHILIE 2000 à l'école vétérinaire de Maisons-Alfort en novembre 1995.

"Si je sais d'où tu viens, je te dirai qui tu es" dit le proverbe. Voyons cela.

La perruche ondulée (melopsittacus undulatus) est un oiseau originaire d'Australie de couleur verte avec un masque jaune, des ondulations et des rectrices noires.

Elle y vit aujourd'hui encore, principalement dans le sud. Elle y affectionne à la fois les terrains très découverts, mais aussi les bois ouverts, toujours de préférence à côté de cours d'eau, de lacs ou de barrages. On ne la voit que très rarement sur les côtes océanes.

Il est très controversé, en particulier par les ornithologues australiens, que l'ondulée soit un réel migrateur vers le nord. Par contre, il est affirmé que c'est un oiseau erratique dans sa contrée de prédilection... c'est-à-dire presque tout le continent australien à l'exception d'une petite partie du centre.

L'essentiel de ses déplacements est motivé par le fait que les pluies étant très irrégulières, il lui faut impérativement rechercher des sites où il y a de l'eau et où les graines peuvent arriver à maturité.

Les oiseaux se déplacent habituellement en groupes de 20 à 100 unités, mais ils peuvent constituer parfois des vols beaucoup plus nombreux de plusieurs milliers d'individus.

Ils se rendent ainsi d'une région à l'autre dans leur territoire australien où, ne l'oublions pas, les distances sont énormes.

La première illustration d'une perruche ondulée à été faite par MM. SHAW et NODDER et publiée dans la revue naturaliste "Miscellany" en Australie même, en 1805.

C'est dans cette même revue, qu'est apparu pour la première fois, le nom scientifique de "Psittacus Undulatus". Ce n'est que plus tard que John GOULD y ajoutera "MELO", ce qui donnera le nom de Melopsittacus Undulatus que nous utilisons aujourd'hui.

A cette époque, on reconnaissait deux sous espèces :

- Melopsittacus intermedius, originaire du Nord, plus pâle sur le dos et sur le cou.

- Melopsittacus undulatus pallidiciceps de l'ouest, plus pâle également mais essentiellement sur la tête.

Par ailleurs, au naturel, la perruche ondulée est un oiseau très robuste, très résistant car les conditions climatiques permettant d'avoir eau et graminées, sont loin d'être toujours assurées.

Il arrive parfois que des milliers de perruches soient victimes de la sécheresse.

Ces oiseaux ont en outre un instinct grégaire très marqué, qui les amène :

- A nicher sur le même arbre,

- A s'abreuver ou se nourrir tous ensemble en même temps.

L'ondulée n'a que très peu de prédateurs, quelques faucons... et l'homme.

Si en Français, le nom est perruche ondulée ou plus simplement ondulée, en Hollandais c'est Grasparkiet, en Allemand Wellensitich et en Anglais Budgerigar. Ce nom anglais s'est orthographié Budgary Gaan (1830) Betcherrygah (1848 GOULD) Budgeriger (1870).

A ce propos, un fait peu connu : c'est un Français, Benjamin DELLESERT, qui a écrit un livre intitulé "souvenirs d'un voyage à SYDNEY (Nouvelle Hollande)" fait pendant l'année 1845, publié à Paris en 1847 où il y fait mention, un des premiers au monde, de la perruche ondulée.

Ce livre est conservé précieusement au Muséum en Australie.

Mais, c'est quand même un Anglais, John GOULD, qui importa les premiers couples d'ondulées en Europe, en 1840.

Ces dernières furent achetées par le Docteur A. G. BUTLER, qui était à l'époque un très bon éleveur, ce qui n'est en aucune façon le cas de GOULD. Le Docteur paya les oiseaux 27 livres. Il semble cependant qu'il existait un sujet naturalisé au Muséum à LONDRES, dès 1831.

Cela fait donc à peine un peu plus d'un siècle et demi que nous élevons, en Europe, la perruche ondulée. On a peine à croire qu'en une période relativement courte une telle évolution se soit produite chez cette espèce!

La toute première phase de l'élevage a donc été marquée, après la capture, par l'acclimatation de l'espèce dans un milieu tout à fait différent de son milieu naturel.

Les références sont peu nombreuses, mais comme souvent en pareil cas, il semble y avoir eu des fortunes diverses.

Le marquis de BRISAY eut beaucoup de malchance. Mais en 1854, le bulletin de la Société Impériale d'Acclimatation de France mentionnait que, depuis quelques années, la perruche ondulée se reproduisait bien chez les éleveurs connus comme M. SAULNIER de SAINT BRICE par exemple.

Cette reproduction se faisait en volières communes chez des éleveurs fortunés pour la plupart d'entre eux. Les premiers spécimens se sont vendus à prix d'or. D'autant plus qu'assez rapidement après cette période d'apprivoisement, de nombreuses mutations de couleurs ont vu le jour.

Cela constitua une deuxième phase extrêmement intéressante dans l'élevage de notre perruche ondulée.

Pour faire face à une demande sans cesse plus grande, on assista d'abord à une augmentation des prélèvements dans la nature, en Australie même. Mais le manque d'eau, de nourriture et d'hygiène pendant les trajets, décimaient littéralement les oiseaux expédiés. Il n'était pas rare en effet de compter jusqu'à 20 000 sujets expédiés sur le même bateau!

L'Australie ayant mis un terme à ces expéditions, sous forme d'un "ban" à l'exportation, il fallait donc impérativement produire en Europe. Nos amis belges furent au rendez-vous et le premier "établissement d'élevage" a été construit à BINCHE.

Mais c'est en France à TOULOUSE, que deux établissements, BASTIDE et BLANCHARD créés aux environs des années 1880, hébergeaient le maximum de couples reproducteurs. Les établissements BASTIDE ont détenu jusqu'à 100.000 perruches dans leurs volières.

Les hasards de ma vie professionnelle m'ont fait découvrir, avant leur démolition, les restes des établissements BASTIDE, au milieu des aménagements de la zone du Mirail.

A cette même époque, les éleveurs amateurs étaient de plus en plus nombreux dans tous les pays. Organisés en clubs spécifiques dans tous les pays anglo-saxons ou regroupés avec d'autres éleveurs en France, Belgique ou Allemagne, ils produisirent de plus en plus de mutations de couleur.

J'ai le plaisir de mentionner ici les installations, à AIX-sur-VIENNE (Haute-Vienne), de l'un de ces précurseurs Monsieur DECOUX.

Sa propriété était bâtie sur un coteau dominant la Vienne, bien exposée au soleil. Les oiseaux étaient élevés dans des chalets en briques, avec chaudière individuelle, au milieu de la verdure du parc environnant. C'est pour moi un souvenir inoubliable.

La perruche ondulée bleue semble avoir été exposée pour la première fois au Royal Horticulture Hall à WESTMINSTER EN 1900.

Plus tard, en 1910, au Crystal Palace à LONDRES, qui restera jusqu'à ce qu'un incendie le ravage, le temple des expositions, plusieurs sujets bleus furent à nouveau montrés au public.

De cette date, jusqu'à la fin de la première guerre mondiale, sont apparues successivement les mutations suivantes :

 

- Les diluées jaunes en Belgique.

- Les ondulées dites à suffusions (Jaune et crème).

- Les lutinos en Allemagne.

- Les verts foncés et olives (jade).

- Les cobalts et les mauves.

- Les violets et les bleu-violet (bleu iris).

- Les albinos en Allemagne et Angleterre.

 

La période située entre les deux guerres fut, sans aucun doute, la plus privilégiée pour les mutations :

 

- Les ailes grises.

- Les pies australiennes.

- Les cinnamons.

- Les ailes claires.

- Les pennes claires.

- Les fallows anglaises.

- Les pies danoises.

- Les ardoises.

- Les opalines.

- Les ailes en dentelle.

- Les masques jaunes.

- Les fallows allemandes.

 

Après la guerre et jusqu'à ce jour, quelques dernières mutations se sont ajoutées à un tableau déjà riche :

 

- Les huppées au Japon, mais qui semblaient avoir déjà été élevées en Australie chez M. CAYLEY, dès 1934.

- Les corps Clairs aux U.S.A.

- Les perlées en Australie, Suisse et Allemagne.

- Les nuques perlées.

- Les saddle backs.

En fait, une seule mutation semble avoir définitivement disparue : les Ailes Brunes récessives.

La perruche ondulée est, à ma connaissance, le seul oiseau qui peut présenter aujourd'hui à peu près 1000 couleurs ou combinaisons de couleurs. C'est tout à fait considérable et, à mon sens, unique dans le monde de l'ornithologie d'élevage.

Cette richesse de couleurs explique sans doute l'incontestable succès de cet oiseau, auprès de toutes les couches sociales, à travers le monde entier.

Cette relative complexité a fait que les éleveurs comme ceux de l'A.F.O., ont résumé le tout en classant la perruche ondulée en une dizaine de groupes :

 

- Les Normales.

- Les Opalines.

- Les Cinnamons Normales et Opalines.

- Les Dilutions.

- Les Pies Australiennes.

- Les Masques Jaunes.

- Les Inos.

- Les Facteurs Foncés.

- Les Perlées.

- Les Autres Couleurs (Rares).

 

Cette systématique peut être complétée, elle est rarement appauvrie... mais sachez que dans notre beau pays, il n'y a pas si longtemps, il n'y avait que DEUX classes dans les concours:

 

- à yeux rouges,

- sans yeux rouges !

 

La deuxième guerre mondiale fut une terrible épreuve pour les hommes, mais aussi pour les oiseaux, dont la perruche ondulée. La difficulté à se procurer des graines, les destructions dues aux bombardements ont décimé plus d'un élevage.

La vigueur et l'ardeur des éleveurs de l'époque, n'ont fait qu'accroître leur désir de voir réapparaître notre perruche ondulée.

C'est alors qu'il faut mentionner un phénomène particulier : En Angleterre on vit apparaître des sujets avec des ailes aux plumes plus grandes, les queues s'allongèrent et la tête grossit en volume.

Cette mutation appelée "long Flight" allait considérablement changer le cours des choses, car la préoccupation des éleveurs passait de la seule couleur à la taille et au type. Certes, cela ne se fit pas tout seul et tout de suite... aujourd'hui encore nous travaillons dans cette double voie.

Au début, avec sagesse, il a fallu écarter les oiseaux par trop disproportionnés ou disgracieux. Il a fallu du courage!

Avec beaucoup de patience et d'une ardeur sans faille, de bons éleveurs sont arrivés à "greffer" les qualités de ces nouveaux oiseaux sur ceux de l'époque qui mesuraient de 17 à 19cm.

L'ondulée moderne était née, tout à fait différente déjà de celle que l'on voit dans la nature. Sa taille au fil des années va successivement passer de 17 à 19cm, puis à 21,5cm et enfin de nos jours à 24 voire 25cm. C'est encore une fois un changement considérable qui s'accompagne d'une plus grande largeur de tête et de nuque, d'un buste puissant avec des épaules bien larges.

Cette évolution fait de notre petite ondulée, oiseau de couleur par origine, un oiseau de posture par une nouvelle évolution. Il y a aujourd'hui autant de différence entre un sujet de concours et l'ondulée de compagnie qu'entre un petit canari du commerce par rapport à un gros Norwich ou un immense Yorkshire!

Cette orientation nouvelle n'a fait qu'accentuer le fossé qui s'était peu à peu creusé entre l'oiseau de compagnie et le sujet de concours. On peut dire qu'il existe actuellement deux mondes bien distincts :

- Celui du commerce et des amateurs d'oiseaux de compagnie.

- Celui des éleveurs exposants.

 

Les grands élevages, comme les Ets BASTIDE, ont disparu mais quelques particuliers produisent encore un peu pour le commerce. Certains amateurs gardent des collections d'ondulées dans des volières communes, séduits par l'Arc-en-ciel des couleurs obtenues, leur rusticité et même ... leur gazouillis.

La grande majorité des demandeurs et détenteurs d'ondulées sont des particuliers qui les gardent par couple dans une cage comme oiseaux de compagnie.

Cependant, pour atténuer mon propos un peu restrictif, de nombreux commerçants achètent aux éleveurs leurs restes d'élevage (oiseaux non présentables, trop petits, pas au standard) pour les vendre comme oiseaux de compagnie. Cela paye les graines, comme on dit!

L'élevage sélectif de concours, se fait couple par couple avec des méthodes bien établies où les lois de la génétique sont appliquées.

Des souches sont célèbres, par la valeur en exposition des oiseaux qu'elles produisent. La France n'est plus la limite géographique et l'Europe est vite parcourue pour aller chercher des reproducteurs en particulier en Angleterre ou en Allemagne.

La perruche ondulée est présente pratiquement tous les pays du monde mais avec une densité particulière dans les pays anglo-saxons.

En France, les canaris apportent leur chant merveilleux... mais nos concitoyens ne savent pas que la perruche ondulée est sans aucun doute l'oiseau qui arrive à conquérir le plus de vocabulaire pour parler!

D'autant plus qu'on la présente souvent comme l'équivalent du chameau! Pensez donc un peu d'eau, quelques graines de millet... le bonheur assuré! On s'accommode un peu quand nécessité oblige !

 

Soyez rassurés chers amis, les éleveurs ne sont pas de cette famille.

De l'eau certes, des millets sûrement... mais aussi de l'alpiste et encore d'autres graines, du pain trempé, des vitamines, des os de seiche etc... La valeur énergétique de la nourriture n'est pas là pour assurer le minimum mais le contraire.

Tout est changé... pour notre portefeuille aussi. Mais quand on aime !

Cela fait toucher du doigt, l'orientation économique nouvelle que peut représenter le monde des éleveurs.

Il m'est souvenir de la réflexion d'un grossiste avec qui je discutais du prix de ma commande de graines : "à vous seul vous représentez pour moi autant que 20 commerçants détaillants". Il faut quelquefois le dire, car les commandes des éleveurs représentent souvent 80% du chiffre d'affaires.

Là ne s'arrête pas le poids économique... il y a les chambres d'élevage, les cages, les nids de toutes sortes, les éclairages... et les produits vétérinaires. Disons-le ici dans cette maison, si nous avons en très grande majorité d'excellentes relations avec les vétérinaires, nous aimerions trouver quelques fois un peu plus... d'intérêt! Ce n'est malheureusement pas un problème uniquement français.

Reconnaissons cependant, que tous les éleveurs rassemblés forment un phénomène social à prendre en considération, mais que nous n'atteignons pas les chiffres de nos voisins allemands, anglais ou belges.

Les mutations de taille et de forme ont surpris, parfois gêné, certains éleveurs français qui avaient à repenser complètement leurs élevages. D'autres ont suivi, et aujourd'hui il existe en France, une forte majorité d'amateurs qui, regroupés au sein de l'Association Française de l'Ondulée (A.F.O.) peuvent rivaliser avec nos voisins européens. Nous organisons des rencontres où ces confrontations amicales sont possibles (concours ou expositions).

Nous n'avons, en France, qu'une petite idée de ces organisations dans certains pays voisins :

- En Angleterre, le championnat de la Budgerigar Society regroupe chaque année entre 5000 et 6000 perruches ondulées.

- Mais en Allemagne, le chiffre de 10 000 ondulées au championnat national (Bundesschau) a été atteint.

- Dans notre pays, les participations ont varié entre 500 et 1200 au cours de ces dernières années.

D'ailleurs la naissance d'une organisation mondiale la "WORLD BUDGERIGAR ORGANISATION" (W.B.O.), consacrée à la seule perruche ondulée, ne peut que favoriser cette évolution.

L'A.F.O. assistait aux dernières journées de travail de la W.B.O. à SCARBOROUGH en Angleterre en juin 95.

Parmi les nombreux sujets de réflexion, il est indéniable que le travail essentiel consistera à unifier les standards existants. Unification ne veut pas dire qu'il ne soit pas possible de concevoir un standard évolutif. De toute façon, il l'est dans le temps, ce sont les éleveurs qui fixent les règles en fonction des connaissances qu'ils ont de l'évolution ou souvent de leur intuition.

Oiseau de compagnie ou sujet de concours, la question se pose de savoir si la perruche ondulée, serait encore capable de vivre ou de survivre dans la nature?

 Il est indéniable que chaque année de par le monde, des oiseaux élevés en cage s'échappent et survivent un temps dans la nature... sans aide de l'homme. Mais souvent, le froid et la raréfaction de la nourriture en hiver sont meurtriers pour les pauvres échappées.

La sophistication de l'élevage moderne n'a fait que rendre encore plus dépendantes les ondulées modernes. Encore devrions-nous nous demander, pour les sujets de concours, s'ils n'ont pas perdu en prenant du poids et de la taille, la rusticité et la résistance propres à l'espèce sauvage. La sélection des éleveurs ne s'intéresse que peu à cette question, c'est un tort sans aucun doute !

Je sais bien qu'on dit que la perruche ondulée n'est que très rarement malade et c'est vrai dans une large mesure. On la connaît mieux dans le domaine de la santé par la mauvaise réputation qu'elle a de détenir seule, le privilège d'être l'agent de la "psittacose". Heureusement, les connaissances ont progressé dans ce domaine et "l'ornithose" ne fait plus de l'ondulée qu'un vecteur possible parmi d'autres.

Après ces différents constats, on peut affirmer que la perruche ondulée moderne est différente de celle qui vit encore en Australie. Encore faut-il savoir ce que l'on entend au juste par domestiquée.

Comme tout un chacun, mon réflexe a été de saisir mon Petit Larousse pour y lire : Domestiquer : apprivoiser un animal sauvage. La réponse me semblant assez lapidaire, car il y a longtemps que cet apprivoisement semble réalisé, j'ai donc saisi à nouveau mon Larousse... mais "agricole". Eh oui ça existe!. J'y ai trouvé un chapitre consacré à la domestication :

Si nous remontons dans l'histoire et ce jusqu'à 7000 ans avant J.C, les documents recueillis nous montrent l'homme vivant entouré d'animaux... Pour nous borner à ce que nous savons de plus sûr parce que des faits analogues se passent encore de nos jours, nous dirons que la prise de possession des animaux par l'homme est passée par quatre stades successifs :

 - La capture.

- La captivité.

- L'apprivoisement.

- La domestication proprement dite.

... et si maintenant, nous jetons un coup d'œil sur nos animaux domestiques, nous sommes frappés par un fait capital : C'est que TOUS, sans exception, dérivent des espèces pourvues à un haut degré de l'instinct de sociabilité. Tous nos animaux domestiques, et DARWIN l'a fait remarqué depuis longtemps, vivaient à l'état sauvage en colonies, en troupeaux, en bandes, en hardes, en compagnies..."

La perruche ondulée, je crois l'avoir démontré, est bien passée en 150 ans par les trois premiers stades!

L'espèce étant dotée par ailleurs d'un formidable instinct de sociabilité, je pense pouvoir affirmer que le quatrième stade de la domestication a été également réalisé.

Mais les conditions de la domestication n'ont-elles pas évolué elles-mêmes ? Car, dans notre société s'il a été si souvent et si longtemps permis à l'homme de détenir librement des animaux n'était-ce pas parce que l'environnement s'y prêtait mieux ? Beaucoup de nos concitoyens vivent, en appartements, en petites maisons certes, mais où les surfaces de jardin ont chutées en 30 ans de 2000 à 1000 ou 800 puis 600 M².

La promiscuité engendre les disputes au sujet du bruit que font les animaux familiers. Les conflits se règlent par des procès, des textes et des lois. Nous ne pouvons et ne devons pas les ignorer.

 · Quel éleveur pourrait faire abstraction du contenu de la loi du 10.07.76 sur la protection de la nature?

· Qui de nous serait favorable à la mutilation.

· Qui de nous ne pourrait approuver les mesures concernant les espèces protégées?

La perruche ondulée n'étant pas un "gibier", même si Budgerigar veut dire en langage aborigène "bon à manger", les arrêtés du 26.06.87, du 20.12.83 et du 01.07.45 ne la concernent pas.

A priori, ni la Convention de Washington, ni l'arrêté de Guyane n'en font état.

Par contre, l'article 213 du Code Rural prévoit que les responsables d'établissements d'élevage d'espèces non domestiques doivent être titulaires d'un certificat de capacité pour l'entretien de ces animaux. Cela nous concernerait sauf, a contrario, à affirmer que l'ondulée est un oiseau domestique.

Disons en passant, que nous trouvons à cette occasion une première définition d'une espèce non domestique "toute espèce qui n'a pas subi de modification de la part de l'homme (décret 77-1297 du 25.11.77).

 

Toute l'évolution que j'ai décrite, plaide pour affirmer que la perruche ondulée a subi :

- Des mutations de couleurs par sélection ajoutée.

- Une très importante mutation de forme qui affecte, c'est évident, même les sujets de la couleur verte naturelle (sauvage).

Cela démontre le bien fondé de l'affirmation de domestication.

La réglementation européenne, conventions de BONN et de BERNE, ainsi que les règlements CEE existants, ne nous concernent pas in fine.

Nous en arrivons donc dans cet examen des textes réglementaires aux dispositions juridiques essentielles à nos yeux : l'annexe de l'instruction NP/94/6 du 28.10.94 qui fixe les espèces, races et variétés d'animaux domestiques au sens des articles R 211 et R 213.5 du Code Rural.

 

On entend par :

- race : L'ensemble des animaux d'une même espèce présentant entre eux suffisamment de caractères communs héréditaires; le modèle de la race est défini par l'énumération de ces caractères héréditaires avec indication de leur intensité moyenne d'expression dans l'ensemble considéré.

- Variété : La fraction d'une espèce ou d'une race que des traitements particuliers de sélection ont eu pour effet de distinguer des autres animaux de l'espèce ou de la race par un petit nombre de caractères dont l'énumération définit le modèle".

 

C'est ainsi qu'au titre des OISEAUX, au chapitre des PSITTACIDÉS... nous trouvons en premier :

- Les variétés domestiques de la perruche ondulée (Melopsittacus undulatus).

Nous voilà heureux, non pas tellement d'avoir été cités en premier! mais parce que cette reconnaissance officielle est pour tous, simples particuliers (en ont-ils conscience ?) mais surtout éleveurs, un soulagement.

Animal de compagnie ou sujet de concours, la singularité du temps présent où le chant du coq est matière à procès, est souvent difficile à supporter lorsqu'on vous montre du doigt. Il y a 9000 ans, nos prédécesseurs vivaient librement avec leurs oiseaux. Ce n'est pas toujours notre cas avec "le progrès" dû à notre civilisation où la patience et surtout la tolérance n'ont pas suivi ce progrès !

Nous n'avons, avec la perruche ondulée, qu'un bail de 150 ans, ce n'est rien au niveau du temps qui passe mais c'est énorme au niveau du cœur.

Que l'on comprenne bien, car on dit souvent que la passion aveugle.

Nous pouvons témoigner que nous ne sommes pas indifférents aux problèmes désastreux des mauvaises conditions de transport des oiseaux ou encore de logements inexcusables. C'est aussi notre intérêt, car il vaut mieux acheter des oiseaux sains et en pleine forme que malades. Mais la seule notion de profit n'en est pas la cause première et unique pour de vrais amateurs.

Tout éleveur honnête doit faire le maximum pour ses pensionnaires et 99% le font, certains font semblant de l'ignorer partant du particulier pour ignorer le général.

Alors que souhaitons-nous ?

Qu'entre gens honnêtes, le dialogue soit toujours possible, ces journées par la diversité des intervenants en sont un remarquable exemple.

Il faut que la confrontation des idées, même divergentes, soit la base d'une réflexion qui s'éloigne volontairement avec sagesse des clichés et des idées reçues.

Si dans toute la société, la règle est la base de la vie sociale, que sa définition s'établisse de la manière la plus communautaire possible, même parfois dans notre propre famille ornithologique !

Quarante ans de vie de fonctionnaire, dont trente à la tête des services de l'état, m'ont appris que c'était parfaitement réalisable pour peu qu'on le veuille réciproquement. Il faut se dire que nous vivons dans une communauté qui s'élargit chaque jour à la règle européenne, à une époque où les pressions médiatiques ou de minorités agissantes provoquent des attentes souvent divergentes.

Il faut bien se dire que chaque jour une chose acquise peut se retrouver à démontrer. Mais dans nos Etats de droit, les mentalités changent, la parole s'enflamme vite... et les textes demeurent. Le tout est qu'ils soient bons. Nous avons le texte de la domestication de la perruche ondulée, il est notre garant en attendant mieux, si nous en avions besoin.

"Pour gouverner les hommes et servir le ciel, rien ne vaut la modération"

 

Ainsi s'exprimait LAO TSEU dans le TAO TE KING... il y a 2000 ans. Ce sera ma conclusion.

Jacques BARRÉ

Article extrait du " Bulletin de l'ondulée "


| A.F.O -| -ALIMENTATION - | - ÉLEVAGE - | - EXPOSITIONS -| - DIVERS - | - LIENS/LINKS -|

-MATÉRIELS - | - MUTATIONS -| - PAGES PERSO - | - PHOTOS - | |