Les Pies Australiennes

Jacques BARRÉ

 

On s'accorde généralement à situer aux environs de 1930, l'apparition des premières perruches ondulées PANACHÉES. Ce n'est que plus tard, vers 1934-35, que l'élevage australien, où elles étaient devenues très nombreuses, donna son nom aux PIES AUSTRALIENNES. Il n'est pas certain d'ailleurs, que les premiers oiseaux panachés exposés au Crystal Palace de Londres, n'aient pas été en fait des Pennes claires et non des pies australiennes.

Cette variété possède, comme les pies australiennes, une tache claire à l'arrière de la tête, généralement de la taille d'un pouce, donc impossible à confondre avec la tache des porteurs de pies danoises.

Cependant, les pennes claires, théoriquement, ne doivent avoir, d'une manière impérative, que les 7 pennes claires de chaque aile, d'où leur dénomination. En Angleterre, elles sont aussi désignées sous le nom de pies continentales!

Le reste du corps de ces oiseaux est normal et ne doit pas présenter la moindre petite tache claire sur la poitrine.

A ce propos, je dois dire que presque tous les sujets, que j'ai eu à juger ces dernières années comme pennes claires, étaient en fait des pies australiennes fautives.

Ajoutons que si ces deux variétés doivent avoir les rémiges claires, pour ce qui concerne la queue, les rectrices doivent être jaunes ou blanches, selon la série. Il arrive cependant que certains sujets aient une rectrice blanche ou jaune et une autre noire. Ceci représente une faute par rapport au standard et la commission des juges allemands de l'A.Z. préconise 3 points de pénalité pour une plume noire et 5 points pour 2 plumes noires.

Ces dernières années, certains éleveurs se sont promis de réhabiliter une autre variété de pies dominantes, à ne pas confondre avec les pies australiennes, il s'agit des pies hollandaises (Dutch pies). Cet oiseau possède un cercle oculaire et des perles et se présente un peu comme la combinaison des pennes claires et des pies danoises, ces dernières étant récessives.

Ces variétés de panachées donnent lieu à des débats passionnés et passionnels qui ont leurs héros et leurs détracteurs!

J'ai lu dernièrement dans une revue anglaise, sous la plume de Roy STRINGER, qu'il y avait un moyen bien simple de résoudre ce délicat problème, c'est-à-dire de ne parler que de pies dominantes (Australiennes, pennes claires et pies hollandaises).

Je partage un peu ce point de vue, mais je reconnais que les pennes claires et les pies hollandaises ont un combat très difficile à mener devant le nombre et la qualité des pies australiennes.

A l'opposé, les éleveurs australiens, il y a encore peu de temps, étaient arrivés à reconnaître jusqu'à 17 ou 18 variations pour la seule variété des pies australiennes. Pour cela, ils prenaient en compte la forme du dessin de la bande pectorale ainsi que les panachures sur les ailes et à la queue.

Pour ce qui est de la bande de poitrine, elle doit théoriquement être assez large et aussi droite et bien délimitée que possible.

Dans le nid, il est assez aisé de reconnaître les pies dominantes dès leur plus jeune âge, comme les pies récessives d'ailleurs.

- Les panachures correspondent en effet, sur la peau des jeunes oiseaux, à des zones plus claires sur les ailes, mais aussi à l'endroit où se situera la tache derrière la tête.

- Cela peut être perceptible même sur les pattes qui sont de couleur chair ou grise ou d'un mélange des deux teintes. Il arrive parfois aussi, que sur les quatre doigts les ongles ne soient pas de la même couleur, les uns blancs et les autres noirs.

Les pies australiennes peuvent être de toutes les couleurs : vert, bleu, gris et gris-vert, violet, mais aussi opalines, cinnamons ou masques jaunes...

Certaines couleurs, ou combinaisons de couleurs plus exactement, ne sont pas reconnues dans certains pays, comme par exemple les pies australiennes diluées. Pourquoi reconnaître les pies cinnamons et exclure les diluées ? Il est vrai que la règle générale, mais particulièrement valable pour les pies australiennes, est l'opposition de couleur entre la teinte du corps et la couleur claire des panachures. C'est ce qui va donner toute sa profondeur au dessin de l'oiseau.

D'où la raison principale évoquée pour exclure les pies diluées ou encore les perlées pies. En exposition, aujourd'hui, les pies australiennes sont parmi les plus beaux oiseaux. Il n'en était pas de même, il y a encore quelques années. Actuellement, en taille, en type et en tête, elles peuvent rivaliser avec des normales ou des opalines du meilleur niveau.

En dehors de l'attention que le juge doit porter aux dessins des parties panachées (bande sur la poitrine, rémiges, rectrices, tache sur la nuque), les critères sont les mêmes que pour les normales et les opalines. La qualité de la plume doit être identique.

Il arrive quelquefois, que les taches auriculaires soient le siège d'incrustations souvent argentées. En règle générale, le masque est bien bas et avec de bonnes perles. Le standard stipule que ces dernières doivent être au nombre de six comme pour les oiseaux des séries normales. Ceci est possible, mais souvent difficile, car le fait que ce soit des panachées peut agir là aussi et c'est, là aussi, un sujet de discussion parmi les juges.

Malgré toutes ces difficultés, les pies australiennes gagnent de plus en plus dans les concours. J'en veux pour preuve la magnifique femelle gris-vert de Günter HETTIGER qui a gagné, à Parthenay, notre championnat A.F.O.

Au début de l'année, j'ai pu juger, au Mondial COM de Reims, un merveilleux mâle vert foncé à notre ami Théo SLAGMOLEN. C'était, sans aucun doute possible, la meilleure perruche ondulée exposée.

J'ai également gardé en mémoire quelques pies australiennes présentées en Angleterre, par Doug SADDLER, et qui étaient de véritables petits bijoux.

Sur le plan génétique, les pies australiennes étant dominantes, il n'y aura jamais de porteur de cette variété. Un jeune naît pie ou ne l'est pas, qu'il soit d'ailleurs mâle ou femelle, ce qui est la marque des dominants.

Si nous croisons :

Normale X Pie Australienne

50 % Normales

50 % Pies Australiennes

25 % Mâles Normaux / Opaline ( non Pie australiens )

Opaline X Pie Australienne

25 % Femelles Opalines ( non Pies Australiennes )

25 % Males Pies Australiens normaux / Opaline

25 % Femelles Pies Australiennes Opalines

Cinnamon X Pie Australienne

Mêmes résultats que ci-dessus, en remplaçant Opaline par Cinnamon.

Ces deux mutations (Opaline et Cinnamon) étant liées au sexe, les résultats seraient différents si on accouplait une femelle Opaline avec un Mâle Pie Australien.

Il nous reste à examiner le cas où l'éleveur accouple des géniteurs pies australiennes à Simple Facteur (1F) ou double facteur (2F).

50 % Normales

Normal X Pie Australien ( 1F )

50 % Pie Australiennes 1 Facteur

25 % Normales

Pie Australienne(1F) X Pie Aust. (1F)

50 % Pie Australiennes 1 Facteur

25 % Pies Australiennes 2 Facteurs

Pie Australienne 2F X Normale

100 % Pie Australiennes 1 Facteur

Pie Aust. 1F X Pie Aust. 2F

50 % Pie Australiennes 1Facteur

50 % Pie Australiennes 2Facteurs

Pie Aust. 2F X Pie Aust. 2F

100 % Pie Australiennes 2 Facteurs

Il est à remarquer que dans l'accouplement N°2, rien a priori ne permet de distinguer les P.Aust.(1F) et les P.Aust.(2F). Il en est de même dans l'accouplement N°4.

Même si certains ont affirmé que les doubles facteurs étaient plus clairs, à mon avis, seul un contrôle par l'analyse des résultats d'élevage s'avère fiable.

Pour ce qui me concerne, le fait que certaines pies australiennes ont une couleur beaucoup plus claire par extension des zones panachées, vient d'un croisement antérieur avec des pies danoises, cet accouplement ayant été fait afin d'obtenir des blancs ou des jaunes à yeux noirs, de bonne taille.

L'accouplement qui semble le meilleur en élevage est le NE3, encore faut-il avoir une pie australienne (2F) reconnue et de qualité. J'ai disposé les accouplements de telle sorte que les lecteurs puissent bien voir la progression pour passer de 1F à 2F.

Pour terminer, je voudrais dire mon attachement à cette variété des pies australiennes, le patron en est imprévisible, y compris génétiquement. Un mâle bien marqué pourra aussi bien donner de bons jeunes dans une couvée et des jeunes mal marqués dans la suivante. Mais l'élevage en est tout à fait passionnant.

Quoi de plus singulier que de chercher à savoir, dès leur naissance, s'il y aura des jeunes à la marque si particulière dans le nid.

Ensuite, il faut suivre l'évolution des panachures, des perles, de la forme de la bande de poitrine... sans oublier la taille, le type et la largeur de tête qui vont tant compter dans la sélection des sujets pour les futures expositions.

Quels oiseaux passionnants que ces pies australien

Article extrait du " Bulletin de l'ondulée "
 

Mâle pie australien cinnamon gris

Photo et élevage: P. ARCHAMBAUD

Jeune pie australien gris-vert

Photo et élevage: I. REIHNART