Histoire et élevage des perlées (suite)

Jacques BARRÉ

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On demandait à Reinhard MOLKENTIN de définir ce qu'était pour lui une bonne perruche ondulée perlée...

"C'est d'abord une bonne ondulée au standard d'exposition, à laquelle on ajoute la qualité d'un bon dessin de perlée". Je trouve cette définition fort judicieuse.

 Pour ce qui me concerne, j'ai connu les premières perlées que Reinhart MOLKENTIN avait achetées en Suisse, quand nous allions avec mon ami Pierre SPETH à Karlsruhe chez le plus célèbre des éleveurs allemands à l'époque, avant qu'il émigre en Afrique du Sud.

Ce qui m'a toujours frappé et séduit dans cette variété, c'est le contraste entre la couleur du corps et la couleur des ailes. C'est une des raisons pour laquelle j'ai une préférence très marquée, comme éleveur, pour les perlées vert foncé ou vert olive ainsi que pour les perlées bleu violet et a fortiori violet.

Je dois reconnaître que les perlées de la série verte amènent un contraste, alors très frappant, avec leur couleur de corps foncée.

J'ai par ailleurs, contrairement à beaucoup, toujours aimé la douceur des perlées cinnamon.

Je sais que je vais heurter certains éleveurs, mais je préfère ces oiseaux perlées cinnamon aux ailes claires modernes qui ont certes de la taille, du type et de la tête (plus difficilement)... mais qui ont tout à fait perdu leurs magnifiques ailes jaunes ou blanches ! Les couleurs des ailes des perlées cinnamon réduisent le dessin si caractéristique des perlées, à une ligne très ténue, c'est vrai, mais la qualité du plumage cinnamon est sans doute pour beaucoup dans l'impression de douceur de ces oiseaux.

 Par contre, les perlées opalines cinnamon, en combinant la réduction de couleur, due au cinnamon, avec la présence de la couleur du corps sur les ailes, due au caractère opaline, amènent la disparition quasi totale du dessin. Cependant, on ne devrait pas ne pas pouvoir y reconnaître les caractères essentiels d'une perlée.

Le dessin fait, en effet, partie intégrante de cette magnifique variété des perruches ondulées de concours... et les perlées cinnamon non opalines le possèdent encore.

A mon sens, nous devons faire le maximum pour conserver ce dessin si particulier. Un oeil non averti pourrait alors confondre une perlée opaline cinnamon avec une ailes claires.

Cela n'est pas forcément une bonne chose car si les variétés sont multiples chez la perruche ondulée, elles devraient pouvoir une fois encore se distinguer entre elles.

Cependant, pour les blancs ou les jaunes aux yeux noirs, les moyens d'y parvenir sont nombreux... avec des blancs ou jaunes à suffusion, avec des pies australiennes x pies danoises, etc...

Pour ce qui concerne les perlées opalines, il est certain que le dessin en est très particulier. Je m'étonne donc qu'un juge aussi réputé que notre ami Ghalib AL NASSER ait eu quelques difficultés à les distinguer des perlées normales.

Certes, en haut de la nuque, le dessin des perlées opalines reste un peu plus chargé en ondulations que pour les opalines classiques. Il est un peu semblable à celui d'une perlée normale à cet endroit précis.

Mais il est certain que ce que lui a dit le juge anglais chevronné est tout à fait exact. Le patron opaline fait remonter, sur les ailes des perlées opalines, la couleur du corps. Cela colore le centre de chaque plume mais surtout, vient estomper les bordures noires, base du dessin si particulier des perlées.

Là aussi, il y a une certaine douceur très liée aux perlées opalines. L'article de Ghalib a été écrit juste après 1994... je suis tout à fait convaincu que notre juge international a toujours su, sans problème, faire la différence comme il se doit.

Pour ce qui concerne les perlées double facteur, ce sont des oiseaux très attachants. En effet, il n'y a pas avec eux, de demi-mesure, ou ils sont bons ou ils sont mauvais, en jugement cela s'entend.

Si, généralement, le dos et les ailes sont bons, la partie "tachée" peut se manifester sous forme de collier, mais aussi envahir presque toute la poitrine et parfois même le ventre des doubles facteurs.

Pour ce qui concerne mon élevage, j'ai pratiquement chaque fois écarté de mes reproducteurs, peut-être à tort, ces oiseaux. J'ai par contre élevé avec des doubles facteurs uniformes. Je n'ai donc pas pu me rendre compte comment se comportait la tache ou le collier.

Sur le plan génétique, après avoir consulté Stéphane LAVERGNE, on peut dire que la perlée a un mode héréditaire "semi-dominant" ou comme l'on dit aujourd'hui "co-dominant" par le fait qu'un issu à 1 seul facteur perlée n'est pas identique à un issu à 2 facteurs perlées. Par contre, cela n'explique pas tout !

En élevage, je n'ai pas eu de normales venant d'un croisement perlée (2F) x normale (non perlée), mais uniquement des perlées (1F).

D'ailleurs, Ghalib AL NASSER est prudent dans son affirmation, car il précise qu'on lui a "rapporté" le fait.

Nous nous souvenons de cet éleveur d'un pays voisin du nôtre qui avait eu des mutations tout à fait inexplicables. Il a reconnu que "son jardinier avait sans doute interverti les oeufs". Il faut donc être prudent en la matière.

 Les anomalies existent certes (comme par exemple les iris dans les yeux, là où ils ne devraient pas être) mais avant d'en faire état, il faut un contrôle sérieux du cahier d'élevage pour bien vérifier qu'il n'y a pas eu de changement au niveau des oeufs ou des jeunes non encore bagués. Et si on a le moindre doute, il vaut mieux s'abstenir d'en faire état. Tout le monde n'a pas, en cas d'erreur, un jardinier pour endosser la responsabilité !!!

 Pour le dessin des ailes, il est exact que, comme l'indique Jeff ATTWOOD, la bordure noire de la plume est à légère distance du bord de cette dernière du fait de l'existence d'une contre-ligne jaune clair, dans la série verte par exemple.

Même chez les perlées possédant un bon dessin, on voit aujourd'hui se développer sur le dos, à l'endroit de la juxtaposition des ailes en haut du croupion, trois ou quatre marques noires plus importantes.

Est-ce une qualité ou un défaut ?

Ces marques mélaniques sont essentiellement présentes chez les oiseaux à fort dessin mélanisé (mais oui, ça existe encore !), elles viennent donc en complément d'une qualité.

Par contre, aux termes même du standard, leur existence n'est pas reconnue... c'est donc un défaut.

En jugement, pour ce qui me concerne, je préfère un sujet avec ces marques et un très bon dessin mélanique plutôt qu'une perlée sans dessin ou avec de grandes plages sans dessin sur les ailes.

Pour en finir avec la couleur des perlées, il est amusant de constater que la première perlée à gagner un grand prix en Angleterre... était une perlée mauve masque jaune ! Mais c'était un oiseau d'Harry BRYAN... !!!

Personnellement, je considère que les perlées de la série bleue peuvent faire d'excellents oiseaux de concours avec les masques jaunes. J'aime particulièrement les perlées masque jaune type I, qui limitent bien les plages jaunes additionnelles.

Les perlées masque jaune australien, en particulier sur les doubles facteurs perlées blancs, amènent une intensité de jaune très caractéristique.

Ghalib AL NASSER, en faisant référence au standard 1994 de la B.S, mentionne que les grandes rectrices de queue peuvent être soit jaune, soit jaunes bordées de noir dans la série verte. Tant dans mon élevage qu'en jugement, je dois reconnaître n'avoir que très rarement trouvé des bordures de plumes de queue noires.

Pour être sincère, y ai-je vraiment porté beaucoup d'attention !

Par contre, ce que l'on rencontre de plus en plus c'est une ou même deux rémiges complètement noires.

Parmi les oiseaux de mon élevage, bons en dessin sur les ailes, les rectrices ne sont pas uniformément bordées de noir, mais on peut voir des bordures de couleur gris-noir sur la partie terminale de la plume de queue, en particulier chez les perlées gris-vert. Sur certains sujets, j'ai même constaté que le centre de la rectrice (donc très loin du bord) était noir tout au long de la plume.

Y a-t-il là aussi évolution ?

 Reste encore à aborder le problème le plus préoccupant, les perles du masque de nos perlées. Vous avez vu sur les photos des deux perlées publiées dans le précédent bulletin, la forme merveilleuse des perles de la magnifique perlée vert foncé. C'est ceci l'idéal, un centre bien clair, bien rond et bordé de demi-lunes caractéristiques. Notons au passage que si ces perles étaient pleines, elles seraient alors d'une taille remarquable.

Depuis que j'élève, je n'ai obtenu qu'un seul oiseau avec des perles d'une taille comparable. C'était une opaline dont une multitude de petites perles, comme sait si bien avoir cette variété, se couvraient les unes les autres comme les écailles d'un lézard, pour former quatre énormes perles bien rondes. Elles tenaient tant de place qu'elles se touchaient les unes les autres sur le bas du masque. Il est vrai qu'à l'époque nous n'avions pas des sujets aussi forts que ceux d'aujourd'hui. Je n'ai pu suivre cet oiseau dans l'élevage car il s'est éteint avant d'avoir donné un seul jeune.

Aujourd'hui, nous avons de plus en plus de perlées avec des perles pleines noires mais pas très grandes voire minuscules et surtout nous avons une multitude de perlées... sans aucune perle ou avec un petit trait noir insignifiant à l'emplacement des demi-lunes. On dirait que ces demi-lunes se sont vidées en ne laissant à la vue que l'extrême bordure noire en forme de traits.

 La question à se poser est donc de savoir si :

- c'est de la faute des éleveurs qui ne pratiquent pas une sélection assez rigoureuse chez leurs reproducteurs, auquel cas c'est encore jouable,

- c'est une évolution naturelle de la variété auquel cas il y a moins de chance de résoudre le problème,

- c'est le fait des deux problèmes combinés.

 Certes, un standard n'est pas quelque chose d'immuable, mais on ne peut en changer tous les quatre matins. Mais si nous jugeons qu'il est temps d'évoluer, à nous, juges et éleveurs, de fixer les orientations et les limites de cette évolution.

Je reconnais qu'il y a là quelques problèmes que nous serons amenés à examiner dans notre instance technique de l'A.F.O. ainsi sans doute qu'au niveau international à la W.B.O.

En tout état de cause, une meilleure définition de la présence et de la localisation des dessins et bordures noirs, doit être envisagée. Pour les perles, cela semble plus complexe par le caractère très évolutif du problème.

En attendant, il faut que les éleveurs et les juges tiennent davantage compte du dessin des perlées, lorsqu'ils procèdent aux accouplements pour l'élevage.

Quand je parle de jugement, il va sans dire que le sujet doit, d'abord, être un très bon spécimen d'exposition dont les qualités préalables restent la taille, le type et la forme de la tête. Il n'est pas question de primer des oiseaux, sans ces qualités de référence, au prétexte qu'une perlée présenterait un bon dessin, voire même excellent, ou de bonnes perles.

En un mot, il faut rester ferme sur l'essentiel pour que l'évolution se produise sur de bons oiseaux de concours. Il n'y a là, a priori, rien de contradictoire avec une évolution bien conduite du dessin et des perles.

C'est à ce prix que nous conserverons aux perlées les qualités qui provoqueront encore et toujours l'enthousiasme des éleveurs.

 Je dois dire que j'ai pris un plaisir particulier à la lecture de l'article de Ghalib AL NASSER. A l'époque de sa première publication, il faisait un point assez complet des problèmes d'élevage et surtout d'exposition. Merci à lui donc.

J'ai retenu l'observation faite sur le croisement Normale (issue de perlée) x perlée. Je vais, bien entendu, l'expérimenter. Ce qui me gène a priori, c'est que d'une manière générale, les normales issues de perlées sont faibles, voire très faibleS en perles. Pour le dessin des ailes, pourquoi pas ?

Il faut expérimenter en souhaitant que cela marche !

Qui oserait dire, après cela, que les perlées ne sont pas des oiseaux dignes de passion

 Pour ce qui concerne la naissance d'un club spécialisé "perlées" en France, est-ce souhaitable et vraiment nécessaire en l'état actuel de la perruche ondulée dans notre pays ? Avons-nous, d'une manière générale, suffisamment d'éleveurs?

Y a-t-il des bonnes volontés NOUVELLES pour endosser des responsabilités bien réelles ? Car si c'est pour reprendre les mêmes cela n'aurait aucun sens... ils se comptent sur les doigts d'une main et donnent déjà beaucoup !

Notre association va bien, elle compte chaque année de nouveaux éleveurs, quelques-uns s'en vont... ainsi va la vie associative.

Notre budget nous permettrait-il d'ailleurs de faire encore plus que ce que nous faisons avec les seules cotisations, le dévouement et l'abnégation d'une poignée de militants au vrai sens du terme ?

Ce n'est pas que nous ne le voudrions pas, mais pratiquement cela nous serait presque impossible !

Par contre, si certains voulaient adhérer à l'association anglaise dont parle Ghalib AL NASSER, qu'ils prennent contact avec moi, je me ferai un plaisir de leur faciliter la démarche. Condition absolument indispensable... connaître la langue anglaise.

 

Bon courage à tous et à chacun en élevage. Nous souhaitons voir de magnifiques perlées à notre prochain championnat A.F.O.

Article extrait du " Bulletin de l'ondulée "

PHOTOS PERLÉES

HISTOIRE ET ÉLEVAGE DES PERLÉES ( Par Galib Al-Nasser)  


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